Image et marketing émotionnel
"Les entreprises font
appel au marketing " émotionnel " pour s'assurer une
part croissante de la tête et du cur de leurs clients. Il
en a toujours été ainsi, mais le phénomène
s'accélère. Par le passé, la grande affaire était
de se démarquer de la concurrence en jouant sur un avantage du
produit, leitmotiv de toutes les campagnes : ainsi Volvo fabriquait-elle
les voitures les plus sûres, Tide lavait plus propre que toute
autre lessive, et Mammouth " écrasait les prix ". Ce
type de marketing partait de l'hypothèse que les clients étaient
plus sensibles aux arguments rationnels qu'aux considérations
affectives. Mais dans l'économie actuelle, vos avantages, très
vite copiés par vos concurrents, ont tôt fait de disparaître.
Ainsi tout allait-il bien pour Volvo tant que le public a considéré
que ce constructeur fabriquait les voitures les plus solides du monde,
mais cet avantage a perdu de sa pertinence quand les clients ont commencé
à penser que la plupart des voitures étaient désormais
robustes et sûres.
Les entreprises sont aujourd'hui de plus en plus nombreuses à
tenter de se donner une image qui en appelle davantage au cur
qu'au cerveau. De fait, les arguments de vente fondés sur la
raison ont tendance à évoquer tous les mêmes avantages.
À l'instar de Nike et de son célèbre " Just
do it ! ", beaucoup cherchent désormais à vendre
une attitude. On voit des personnes célèbres arborer une
moustache de lait et la compagnie d'assurances Prudential affirme vouloir
que ses clients aient " une part de roc ". Ces campagnes jouent
davantage sur l'affectif que sur le cognitif.
Dans cette perspective, les sociétés se tournent vers
des anthropologues et des psychologues. On peut par exemple chercher
à ancrer l'image du produit sur un archétype profond -
le héros, l'antihéros, la sirène, le sage vieillard
- enraciné dans l'inconscient collectif.
Il est assez facile de savoir l'idée que se font vos clients,
et ceux qui ne le sont pas, de votre entreprise et de ses concurrents.
Une agence de recherche marketing interroge un panel un peu comme on
joue au " portrait chinois ". " Si c'était une
personne, quel âge aurait-elle ? " (La réponse serait
peut-être " Un adolescent " dans le cas d'Apple, ou
" Un grand-père " dans celui d'IBM.) " Si c'était
un animal ? " J'espère que, dans votre cas, les réponses
s'orienteront plus vers le lion ou le singe que sur l'alligator ou le
dinosaure."
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